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PAUL HAY DU CHASTELET

il fut envoyé, avec deux de ses frères, sous la direction d’un vieux chanoine manceau, dont M. l’abbé Esnault a bien voulu me communiquer un curieux journal inédit rempli de détails sur les jeunes gens confiés à ses soins. Il ne s’imaginait sans doute pas élever deux futurs membres de l’Académie française.

Conseiller au Parlement de Bretagne en 1616, à l’âge de vingt-quatre ans, Paul du Chastelet fut nommé en 1618 avocat général près de la même cour et s’y distingua tellement par sa verve oratoire que Louis XIII le choisit, en 1621, pour l’accompagner dans son voyage de Guyenne et pour organiser le nouveau Parlement de Pau, délicate mission en pays révolté. Le roi le récompensa en le gratifiant d’une charge de maître des requêtes, dans laquelle il fut reçu le 3 avril 1623.

Le Ducatiana prétend qu’il fut obligé de quitter ses fonctions d’avocat général « pour quelque affront qu’il reçut à cause de ses plaidoyers trop satiriques, » et Mathieu de Mourgues a écrit dans un de ses plus virulents pamphlets : « Il a fait autrefois l’office d’avocat général dans un parlement : il y convertissait le barreau en théâtre de charlatan : ses plaidoyers n’étaient que des satires ; elles firent fondre sur lui une grêle de coups de bâtons qui ne le rendirent pas plus sage, mais l’obligèrent de quitter son pays pour venir raffiner sa malice dans la cour… » Ce langage est celui d’un ennemi, et d’un ennemi acharné poursuivi jusque dans ses derniers retranchements. Il ne faut donc pas le prendre