Page:Halgan - Anthologie des poetes bretons du 17e.djvu/20

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.
4
NICOLAS DADIER

Et lui donne en saison un branchage ondoyant,
Ainsi, ô mon Dadier, de ta Muse la gloire,
S’unissant à Mantoue, au temple de Mémoire
Te prépare un laurier à jamais verdoyant.

Je ne me demanderai plus, en étudiant les vers de Dadier, où et quand notre poète n’a été qu’un simple traducteur ; les traductions poétiques de son époque ont toute la saveur d’œuvres originales. Seulement, comme les divisions du poème appartiennent au Mantouan, je ne m’astreindrai pas à les suivre minutieusement, et je me placerai au point de vue du style et de la langue, beaucoup plus qu’à celui de la composition.

Dès le début de son poème, racontant les réjouissances qui accueillent la naissance de la Vierge, Dadier ronsardise agréablement.

Au reste on couronna les portaux du logis
De rameaux verdoyans et de bouquets fleuris.
Par les rues aussi, les gaillardes chambrières
Espanchèrent l’honneur des herbes printanières,
Les voisins réjouis festoyèrent ce jour
Comme le Sabat mesme, et n’y eut quarrefour
Qui lors ne retentit du chant des gayes filles.

Est-ce qu’il ne se dégage pas de ces vers, comme du banc de violettes que Shakspeare fait respirer à son duc d’Illyrie, un frais et capiteux parfum ? Je mets en regard, comme opposition, ce fragment des Études de la Vierge :

Bref tout cela qu’ont eu de fier, d’avantureux,
De lascif, de cruel, les femmes du vieil aage,