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L’ABBÉ DE FRANCHEVILLE

capitaine de cavalerie. Il devait trouver la mort sous les murs de Paris, pendant les guerres de la Fronde, en 1651. Le cadet, Louis-Hercules (nom prétentieux qui me fait supposer que son parrain dut être un Rohan), naquit vers l’année 1627, deux ans avant la mort de Malherbe. C’est notre poète.

Les cadets de famille étaient alors destinés à l’Église : on était à la cour ; on se crut obligé de suivre la règle, et le petit collet compta un soldat de plus. Les vocations ainsi imposées ne sont pas toujours couronnées de succès. L’abbé de Francheville devait en être un exemple remarquable. À l’âge de vingt-cinq ans, nous le trouvons encore simple tonsuré, courant les ruelles et les sociétés précieuses, en compagnie de son cousin, l’abbé de Montigny.

C’était immédiatement après la Fronde. On respirait enfin, sans plus craindre la guerre civile, et, dans ce calme réparateur, se développait à l’aise une véritable efflorescence littéraire. Les cercles et les ruelles raffolaient de poésie ; les samedis de Sapho succédaient aux réunions de l’hôtel de Rambouillet ; le Cyrus et la Clélie enflammaient tous les enthousiasmes ; Chapelain publiait sa Pucelle ; on se battait pour des bouts-rimés, et l’on dissertait sur la carte de Tendre.

Montigny avait rompu des lances en faveur de Chapelain ; il était bien posé dans les salons des précieuses ; il y introduisit l’abbé de Francheville, qui donna tête baissée dans la mêlée galante. J’ai dit, dans la Bretagne à l’Académie française au XVIIe