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LE PÈRE GRIGNION DE MONTFORT

contrit est devenu les Regrets d’une âme pénitente ; mais le texte est le même, et je ne serais pas surpris qu’il se réimprimât encore. C’est que les cantiques du bon missionnaire ont, au plus haut point, deux mérites faits pour attirer les pauvres et les humbles de la Bretagne ou du Poitou, la simplicité qui se met à leur portée, la sympathie d’un compatriote qui les entretient d’objets familiers ; c’était parler aux villageois leur langue même que de leur dire, dans le Réveille-matin de la Mission :

Chers habitans de Saint-Pompain,
Levons-nous tous de grand matin…
Cherchons la grâce,
Ou qu’il mouille ou qu’il glace…
Laisse tes travaux, laboureur ;…
Laisse un peu ton bois, charpentier ;
Quitte un peu ton fer, serrurier.

Tous les corps d’état y passent, et ces bonnes gens, ainsi interpellés, ont couru en masse à la mission. Comme ils devaient entonner à pleins poumons le cantique qui a pour titre : la Déroute des danses abominables et foires payennes de Saint-Pompain, où il y a des couplets comme le suivant, qui semble, en son harmonie imitative, redire le cri du marchand forain :

Gagne petit,
Quiconque vend à cette foire,
Gagne petit,
Grande perte et peu de profit,