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ALEXANDRE DE RIVIÈRE

L’homme plein de vertu quittant l’onde Françoise,
Ira noyer sa soif sain et sauf en l’Indoise,
De l’Inde en Sumatra se paistre de cocos,
Et de là du gibier de la Phaze en Colchos.

Au reste, la monotonie vient vite pour le riche, il se dégoûte de tous ses biens, il porte envie au pauvre, content de peu, au nocher, au bûcheron. Suit un éloge de la pauvreté qu’ont pratiquée les anciens sages, les héros de la République romaine ; l’idée de la fable le Chêne et le Roseau apparaît dans ces vers :

Les choses basses sont incapables d’outrager ;
Les Typhons orageux espargnent ès forêts
Les genèvres petits et les foibles cyprès ;
Les genets verdoyas et bruyeres steriles
Par les bois eventez sont en paix immobiles.

Trop d’argent nuit, on le dissipe follement, ou on l’entasse avec cupidité ; si tu es riche, si Plutus

T’a fait un tour d’amy et l’un de ses boursiers,


songe à bien employer tes richesses, fuis l’avarice et le vice contraire, fais l’aumône, sois charitable. Hélas ! la charité est morte aujourd’hui, s’écrie le poète, les avares richards

N’ont pitié de personne, ains ont le cœur de fer…
S’ils donnent quelquefois, c’est à des baladins,
· · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · · ·
Au poète, neant, les Muses on desprise,
L’échiquier bigarré de l’un la bourse épuise,
L’autre joue à la prime ou aux dez son manoir.

Ces deux derniers vers serrent d’assez près le texte