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ALEXANDRE DE RIVIÈRE

Gardez-vous de ses nœuds et de son attifet[1],
Qu’elle vous decevant ne face comme fait
L’airaigne au mouscheron qui, dans son échauguette,
Près sa toile tendue, en embuscade guette
L’ennemy passager, et dedans le voyant,
Elle acourant l’enclost, dri-drillant pour neant,
En sa retz filacière, et de sa dent pointue
Le perçant sans pitié, le suççote et le tue.

Épicure va rejoindre la troupe des voluptueux ; la nymphe Arété continue au poète son cours de morale, flétrissant les débauchés et les ivrognes, faisant de ces derniers un curieux portrait, au début duquel Rivière a glissé un étonnant essai d’harmonie imitative :

 … Le vin au cerveau
Des tintoins bourdonnans dedans la tonne entonne,
Et la teste tournant, tinte, donne et dondonne ;
Au lieu d’une chandelle, il cuide deux en voir,
Et la table et les murs tout en rond se mouvoir.
· · · · · · · · · · · · Hé ! quel vilain plus grand
Et plus ord animal qu’un yvrongne gourmand,
Qui est contraint vomir la viande souppée,
D’une vineuse humeur, puante, détrempée :
Il tremblotte et chancelle et souvent tombe à bas,
Se rompant ou le col, ou la jambe, ou le bras ;
Il bégaye en parlant, et sa fole parole,
De sens destituée, en l’air vole frivole.

Les maladies qu’engendre l’ivrognerie, la cailloueuse goutte,

À laquelle ne voit la médecine goutte,

  1. Attifet, ajustement (on dit encore s’attifer.) — Plus bas, Échauguette, guérite.