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ALEXANDRE DE RIVIÈRE

l’obtenir, se contenter et tirer partie d’une condition médiocre, fuir la familiarité des grands qui devient aisément une domesticité déguisée :

C’est à l’asne à porter le bast en patience.

Rivière, toujours d’après Palingene, se pose alors une grave question : faut-il se marier ? et il y répond plus sérieusement que Pantagruel à Panurge, que Geronimo à Sganarelle ; il y a, sans doute, des inconvénients, on peut prendre une femme légère et pis, les filles sont lourdes à doter, les garçons se conduisent mal, le mari laisse souvent à souhaiter,

Qu’il soit plus tempéré, plus ne soit querelleur,
Qu’il s’arreste au logiset par fole boutade
N’aille deçà delà de nuict battre l’estrade…


toutefois, les plus fortes raisons militent et s’unissent en faveur du mariage : ne vaut-il pas mieux laisser ton bien à la femme, aux enfants qui t’aiment, qu’à des héritiers égoïstes qui guettent ta mort ? et n’éprouveras-tu pas une suprême douceur à te voir revivre en cet enfant, ton image à la fois et celle de ta compagne ?

Car c’est un commun sang, double substance en une,
Un pour trait my party de l’image commune ;
Puis, le jour arrivé veuf pour toy de suivant,
Tu ne meurs pas entier, tu vis en ton enfant.

Marie-toi donc, mais à bon escient, étudie la femme que tu te destines, examine jusqu’au caractère de ses parents,