Page:Hamel - Titien, Laurens.djvu/115

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

retour à Venise ; non qu’il ne trouvât le temps d’exécuter quelques beaux portraits comme ceux du nonce apostolique, Ludovico Beccadelli, du doge Trevisani, de l’envoyé espagnol Vargas, et de Thomas Granvelle, fils du chancelier. La charge de courtier qui lui avait été enlevée, sans doute en raison de ses absences nombreuses et prolongées, lui fut rendue. En 1552, il envoyait à Philippe trois tableaux, une Reine de Perse, un paysage, une Sainte Marguerite. Cette dernière seule nous a été conservée ; on la reconnaît dans une toile de la National Gallery qui nous montre la Sainte passant par-dessus un dragon qui écume et se roule impuissant à la vue du crucifix qu’elle tient élevé dans sa main gauche. La figure délicate s’enlève en clair sur un fond de rochers et de plaine, et sur un grand ciel nuageux. De 1553, date la Danaé du Prado, dont nous avons parlé plus haut, et sans doute aussi les répliques de l’Ermitage et du musée de Vienne. En 1554, une autre « Poésie » était adressée par le peintre à Londres, à l’occasion du mariage de Philippe II avec Marie Tudor. Elle représente Vénus et Adonis et c’est une des plus chaleureuses conceptions du grand poète de l’amour. L’éclat satiné de la chair y est rendu de merveilleuse façon. Plus étonnant encore est l’Adam et Ève du Prado, qui, par l’exécution, se rapporte à cette même époque.

En revanche, on ne peut nier qu’une certaine fatigue ne se fasse sentir dans une grande toile religieuse que Titien avait promis de composer pour Charles-Quint et qui fut achevée en 1554. Je veux parler de la Trinité du musée