Page:Hamilton - En Corée, esquisse historique.djvu/35

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grande ligne soit opérée. La Russie ne peut donc ignorer les conséquences de sa politique en Extrême-Orient et en même temps on ne peut s’attendre à ce qu’elle sacrifie, à la demande du Japon, ces grands intérêts qu’elle a eu tant de mal à promouvoir. Sa position est vraiment un exemple frappant de la manière dont une politique impérieuse donne le goût, quand elle n’en crée pas la nécessité, de l’impérialisme.

La position de la Corée vis-à-vis des questions en litige est désespérée. Malheureusement le gouvernement de la Corée est impuissant à empêcher le progrès de la Russie aussi bien que l’expansion continue de l’influence japonaise. Elle ne possède ni armée ni marine qui puisse lui être de quelque utilité, et elle se trouve dans la situation d’un pays incapable d’élever la voix pour lui-même. L’armée compte quelques milliers d’hommes à qui, dans ces dernières années, on a appris à se servir des armes européennes. Ils sont armés de fusils Gras, Murata (modèle suranné) et Martini, et de divers fusils à canon lisse et se chargeant par le bout. Ce sont des tireurs tout à fait médiocres et en outre ils manquent des qualités de courage et de discipline. Il n’y a pas d’artillerie, et la cavalerie se compose uniquement de quelques centaines d’hommes qui n’ont aucune idée de l’équitation et qui ne connaissent ni leurs armes ni leur service. À un moment de crise, fantassins et cavaliers seraient absolument démoralisés. Il y a de nombreux généraux, et la marine qui comprend, je crois, vingt-trois amiraux, se compose d’un unique transport de charbon en fer, qui appartenait, jusqu’à ces derniers temps, à une Compagnie de navigation japonaise. La Corée, impuissante et malheureuse, est comme un jouet pour le caprice japonais ou la convoitise russe.