Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/268

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et leur maraude. On détesta bientôt les Français.

Saïd-Lasker-Kan écrivait alors à Saunders : « Je me suis arrangé de manière à me délivrer de vos ennemis : le plan est en voie d’exécution, le résultat sera tel que vous le désirez, je compte être avec vous vers la fin des pluies et arranger toutes choses d’une manière satisfaisante. »

Le fourbe ne se vantait pas. Il allait porter aux Français un nouveau coup, décisif, croyait-il. Brusquement, il cessa de payer la solde des troupes que Dupleix avait placées près de Salabet-Singue. Dans les idées indiennes du ministre, c’était le meilleur moyen d’amener une sédition. Il se rappelait la révolte qu’il avait fomentée dans l’armée de son maître, au début de la marche contre le Maïssour, et il croyait à un soulèvement des soldats, habitués au luxe et à une vie relativement large. Sa déception fut grande quand il vit qu’aucune émeute n’éclaterait et que tout se bornerait à des réclamations vives, mais courtoises. La haine qu’il nourrissait contre la France lui suggéra alors une nouvelle perfidie, plus dangereuse que les précédentes. Hypocritement, il redoubla d’amabilités envers Goupil et ses officiers. Prenant l’attitude d’un homme désolé de la pénurie du trésor, il se répandit en lamentations sur l’état du pays, il éclata en malédictions contre les feudataires du soubab, vassaux parjures dont les révoltes mettaient l’empire à deux doigts de la perte ; il eut des cris de colère contre les percepteurs de l’impôt, les zémidars, dont les vols étaient la cause de la ruine des finances. Il dit avec amertume qu’il voyait les maux et qu’il était impuissant à y apporter un