Page:Hamont - Dupleix d’après sa correspondance inédite, 1881.djvu/85

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

La Bourdonnais était maître absolu à Madras. Dupleix paraissait dans l’impuissance. Les prières, la persuasion, la force avaient tour à tour échoué contre l’opiniâtreté du rebelle. En appeler au roi ? Il fallait un an pour obtenir réponse. Madras rendue à l’Angleterre, c’en était fait du prestige de Dupleix et de ses grands desseins. Désolé, le gouverneur de l’Inde n’avait plus qu’à protester et à cesser toute relation avec le révolté.

L’amiral put alors réfléchir et fut pris d’inquiétude sur le résultat de ses actes. L’image de la Bastille lui passa devant les yeux. Il vit qu’il était allé trop vite. Restituer Madras aux Anglais sous sa responsabilité seule, sans le concours des autorités de la Compagnie, c’était risquer l’échafaud. Point de danger au contraire si la remise de la ville se faisait d’accord avec Pondichéry. Il chargeait aussitôt Paradis d’écrire à Dupleix pour savoir si celui-ci consentirait au traité de rançon, à condition que la remise de la ville, au lieu de s’accomplir en octobre, se fît en janvier.

Dupleix fit taire ses ressentiments et saisit aussitôt l’occasion qui s’offrait de reprendre l’ascendant politique avec le pouvoir dans Madras. Au fond, le gouverneur n’avait pas du tout l’intention de restituer la ville à la Grande-Bretagne ; sa politique, c’était de ne s’engager en rien avec les Anglais, de ne détruire par aucun acte la déclaration de nullité du traité, de tout promettre à La Bourdonnais et de ne rien tenir.

Les choses en étaient là quand survint un événement qui donna une grande force à Dupleix. Des instructions concernant les pouvoirs de l’amiral et du conseil arri-