Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/142

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— Si nous rentrions, fit Pierre : on a peut-être besoin de nous, là-bas ?

Desreynes prit la main de son ami et la serra.

— Que tu es enfant, Georgeot ! Est-ce que tu n’en aurais pas fait autant ?

Il ajouta encore ému :

— Ce n’est pas bien dangereux, mais j’ai eu petit pour toi… Allons, en route !

Ils arrivèrent.

— Vous avez failli danser sur mon cadavre, belle dame !

Georges raconta l’aventure : Jeanne écoutait avec un frémissement de peur et de dégoût.

— T’es-tu lavé les mains, au moins ?

Elle sauta au cou de son mari, puis de Georges, et les baisa tous deux.

Le dîner fut court et rieur. L’incident avait réveillé Desreynes, qui se montra tout heureux de vivre.

Il avait inconsciemment cette joie que l’existence rend à ceux qu’elle lassait, dès qu’ils ont manqué de la perdre. On se sépara. Merizette se faisait belle, et les deux amis, en habit noir, se retrouvèrent ensemble.

Trois invités étaient venus déjà, et se promenaient dans les jardins, en attendant.

— Qu’ils attendent !

— Qu’ils se promènent !

Droits et corrects dans leur costume de bal, Georges et Pierre s’admiraient l’un l’autre.