Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/190

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— Les chambres de malade ont du feu : brûlez ceci vous-même.

Il s’élança et saisit le poignet de la jeune femme,

— Merci, murmura-t-il.

Tous deux s’approchèrent ensemble de la cheminée où brillaient dans le gris les derniers tisons d’une bûche. Alors il s’agenouillèrent : Georges, sans toucher cette lettre, conduisit au-dessus de l’âtre la main qu’il avait prise et qui s’ouvrit. Le billet tomba sur les cendres, et lentement, il se dora et se tordit ; une petite fumée montait au-dessus. Le couple regardait, immobile et toujours à genoux ; bientôt cette chose ne fut plus qu’une plaque noire et racornie : un souffle l’eût éparpillée en poussière.

Merizette, avec le bon sourire qu’elle trouvait parfois, inclina la tête vers l’épaule de Georges, en appuyant sur lui le rebord de son bras.

— Dites encore que je ne suis pas gentille.

Ils se levèrent, l’un contre l’autre encore.

— Et maintenant, mauvais, m’aimerez-vous un peu ?

— Bien mieux, dit-il.

— Alors… embrassez-moi.

Les bras en arrière, il se pencha pour poser ses lèvres sur les cheveux de Merizette. Mais elle se dressa sur le bout de ses petits pieds, et, haussant les mains jusqu’à la tête de son ami, elle le tira vers elle et sa bouche reçut le baiser.

Georges se recula ; ils se trouvèrent face à face. Interdits, dans une confusion faite de honte et de