Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/216

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pagne. À peine la jeune femme essaya-t-elle de se dégager, elle baissait les yeux.

— Allons, dit-elle, laissez-moi.

Il se pencha, puis, très bas :

— Vous êtes belle, et je vous aime.

Elle lui échappa, et s’enfuit. Il la rejoignit en courant. Elle riait. Il la saisit, et étouffa son rire dans un baiser qu’il colla sur ses dents. Elle renversait la tête.

— Marchons… Si l’on vous voyait… Marchons.

Elle se laissa retenir par la taille, et tous deux firent quelques pas encore. Puis un second baiser les arrêta.

— Vous me rendez fou ! Vous êtes trop belle !

Il la pressait, debout contre son torse ; elle rendit le baiser, et longtemps ils restèrent ainsi, Georges la désirait ardemment.

— Laissez-moi… Je vous en prie… On nous guette… Venez, oh, venez…

Georges savait Merizette capable de les espionner : il baisa les mains qui le repoussaient.

— Vous partez donc ? dit-elle.

Ils marchèrent : le chemin fut long. Elle s’éloignait un peu de lui, et obliquait à chaque pas vers la lisière du sentier ; elle tremblait légèrement, avec cet instinctif et vague effroi du mâle, qui fait encore frémir et reculer la femme au moment même où elle va se livrer. Pudeur ? Vertu ? Non pas : c’est la chair qui prend peur.

Mais quand ils sortirent du bois et parvinrent au