Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/217

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pied du mur qui fermait le parc, lorsque tout danger fut passé pour la promeneuse, toute peur s’évanouit et le regret surgit seul : elle aurait voulu retourner en arrière, pour se moins défendre, cette fois.

Elle porta vers lui ses yeux clairs et humides, et lui tendit ses lèvres entr’ouvertes. Derrière la porte, ils entendaient le piaffement des chevaux. Il lui murmurait sur les dents :

« Je t’aime ! je t’aime ! » Il l’étreignait et l’enlevait presque de terre. Puis sa bouche courait sur les tempes, le cou, les yeux et les lèvres encore, qu’il humait dans les siennes.

Le danger, à nouveau, se dressait ; elle soupira : « Assez, » puis, s’écarta, et tout haut, elle dit : « Au revoir, cher monsieur. Vous viendrez mercredi. Je le veux. »

Elle arrangeait, en parlant, ses cheveux défrisés et les rubans de son chapeau.

Georges tourna la clef dans la serrure rouillée ; la sous-préfète sortit, et monta en voiture.

Desreynes, au marchepied, la salua profondément, mais, sous un prétexte, il s’avança : un rapide baiser unit leurs bouches. La calèche partit.

Georges la suivait des yeux : il vit la tête blonde qui se penchait à la portière : il eut contre lui une énorme rancune.

— J’aurais dû vouloir davantage ! Les femmes sont à qui ose les prendre.

Il referma la porte, et lentement, comme à regret,