Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/232

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Ce n’était plus le remords, mais une humiliation d’enfant ; tout ce que pouvaient ses forces épuisées.

Il pénétra sans l’avoir décidé ; il tourna le bosquet, comme au matin de son arrivée, déboucha sur les pelouses à l’endroit même d’où il l’avait aperçue ce jour-là, droite dans son peignoir rose.

Il entendait le sable crier sous ses talons, et, alors seulement, il remarqua combien la nuit était silencieuse.

La lune brouillée éclairait la façade du château, et, avec un recueillement placide, la muraille lisse étendait, sur le bleu gris de l’atmosphère, sa grande tache d’un jaune tendre ; les fenêtres étaient pareilles à des yeux, profonds, inquiétants, qui le regardaient venir : cette tranquillité d’un mur devait rester, dans sa mémoire, le visible fantôme du remords. En avançant, il tournait la tête de gauche et de droite, comme pour quêter un refuge, tel qu’un lévrier sous la menace du fouet.

Un moment vint où il ne put avancer davantage ; ses jambes flageolaient. Il balbutia : « Pierre… » Il aurait voulu qu’Arsemar descendit, et tomber à ses pieds, et raconter…

Il rassembla tout son courage pour porter ses regards sur les fenêtres de leur chambre : les volets étaient clos ; la paix claire de ce logis lui causa une insupportable douleur.

— Derrière ce mur, de l’autre côté de ces pierres,