Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/242

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— Je ne dirais plus au juste… La sous-préfète est venue. Il lui a fait une cour ! J’en avais honte ! Quand elle est partie, il l’a accompagnée par le bois, jusqu’à sa voiture.

— Et ensuite ?

— Ma foi… Que veux-tu ? Il est allé… Je ne sais pas, moi, où il est allé… Il est capable de l’avoir suivie jusqu’à la ville. Si tu les avais vus !

— Tu es une mauvaise langue.

— Maladroite, pensa Jeanne, je balbutie.

Elle se promit de ne prononcer désormais que des phrases mieux assurées.

Au dessert, Arsemar regarda sa montre.

— Ne l’aurait-on pas retenu à dîner ?

— Cette pimbêche de Parisienne en fait ce qu’elle veut. Elle donne une soirée mercredi, et ton Georges ira chez elle.

— Mais, son départ ?

— Il en est bien question ! Les sacrifices qu’on refuse aux amis, on les offre à la maîtresse nouvelle.

— Tu m’amuses, mignonne, lorsque tu philosophes. Il ne m’a jamais parlé d’un penchant pour cette coquette.

— Et si l’intrigue ne date que d’une heure ? Sais-tu, toi, ce que l’on peut promettre en traversant un bois ?

— Ainsi, tu te figures ?

— J’en jurerais.

Elle réfléchit. « Dirais-je vrai en voulant me défendre ? Les hommes sont capables de tout. On quitte