Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/264

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

moins l’approbation de nous et le respect de notre génie.

— Comme je m’aimerais, si j’étais homme ! disait la belle dame en redescendant du conseil vers le champ de bataille.

Elle alla droit à la chambre de Georges : personne ; des masses encombraient le parquet.

Tout cela est bien avancé pour être interrompu… Enfin !

Elle ne s’en ennuyait plus.

Elle monta chez elle, entra dans le cabinet de son mari : Pierre était introuvable aussi. Disparus tous deux ! Elle les demanda à ses gens : nul ne les avait vus.

— Ils se battent !

C’était la voix de l’orgueil et non de l’effroi. Si les femmes gardent un cœur sensible pour les maux dont elles voient souffrir, elles réservent moins de pitié pour ceux dont elles ont l’honneur d’être la cause.

La comtesse fut obligée de tendre tous ses nerfs pour éprouver quelque terreur devant son imagination folle ; et ce fut presque avec dépit qu’elle rencontra enfin les amis installés dans la bibliothèque.

— Que me raconte-t-on, monsieur Georges, vous nous quittez ? Tout d’un coup ! N’aviez-vous pas accepté pour demain l’invitation de votre amie ?

Comme on ne lui répondait point, elle poursuivit, sans paraître offusquée :