Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/270

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Cette phrase fut tout ce que pouvait son besoin renaissant de confesser leur crime.

— Misérable ! cria-t-il, dans l’angoisse de son remords et de sa lâcheté consciente.

L’injure n’était que pour lui seul ; Arsemar la comprit pour les autres.

— Oui, misérables ! Mais console-toi, nous les laisserons bientôt s’entre-mordre dans leur fange. Cet hiver…

Desreynes gardait l’horrible lettre : le mot de bienveillance, au bout d’une ligne, y flambait comme un incendie.

— Si je tenais celui… Hélas, voilà donc ce que j’ai fait pour toi, mon pauvre Pierre !

— Encore un coup, qu’as-tu à démêler là dedans ? De quoi es-tu coupable ?

— De tout.

— Tu perds le sens, mon bon ami. Écoute : je veux te demander un service, si toutefois tu peux me le rendre. Viens demain à cette soirée ; allons ensemble, pour montrer à ces platitudes qu’elles ne sauraient se hausser jusqu’à nous, et que leur haine se dépense mal à propos.

Desreynes imaginait ce jour qu’il faudrait passer encore dans la maison ; on crut qu’il hésitait.

— Si cela t’incommode, pars.

— Mais, non.

— Faisons cela pour elle… Car tu ne juges pas que j’aie souci pour moi de quelques drôles… D’ailleurs,