Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/289

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

n’en fallait pas tant pour que la raisonneuse fût conquise à la justesse de ses arguments…

« À coup sur, Georges n’a rien avoué, mais qu’a-t-il dit ? Cet interrogatoire de cuisine ?… Décidément, c’est un répugnant personnage. Oui, mais on trame quelque chose contre moi. Pour me fermer la bouche, sans doute ? On verra bien. Où en sont-ils ? Il faut savoir. »

Mais comment ? Toujours cette sujétion de l’inabordable… Ah, de l’audace !

— Que prépariez-vous tantôt de si mystérieux, pour convoquer chez vous toute mon antichambre ?

Arsemar fut tellement embarrassé, qu’il le laissa paraître et ne sut que répondre : son attitude et son silence fixèrent les défiances de Jeanne.

— Eh bien ?

— Rien, ma chère enfant, ne t’occupe pas de cela.

La résistance était impertinente.

— Je croyais pourtant être un peu la maîtresse ici.

— Tu l’es, mais crois-moi, ceci ne te regarde pas.

— Ne me regarde pas ! Tu deviens presque insolent. À quelle école ?

— Tu prends mal les choses…

Georges ne se contenait plus.

— Laisse donc, Pierre… Tu disais, lorsqu’on t’interrompit…

— N’interrompez pas vous-même.

— Ma Jeanne, tu es souffrante ?