Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/300

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dans l’attachement de Pierre, et sans effort se devinait si bien aimée et si ardemment convoitée, qu’elle n’imaginait pas une longue résistance aux appels de la passion… S’il demeurait ferme et si son orgueil d’homme le retenait, elle-même, au besoin, lui faciliterait la faiblesse et se permettrait le premier pas. Il ne convient pas toujours d’être trop fière…

Quant aux amis, rien ne les rapprocherait. À moins d’un manque de dignité si ravalant qu’on ne saurait y croire, leur divorce était sans appel. Dire que la jeune femme en avait de la joie serait trop dire, apparemment ; mais on est logique, et la réconciliation du ménage se subordonnait à la rupture des amis. Non, Jeanne n’abdiquait pas sa haine.

Elle se ressouvint de sa sortie théâtrale, et en fut contente.

Mais, retourne, ma mie, aux affaires sérieuses…

Donc, elle partait.

Le calme était nécessaire : elle en eut.

Elle sonna, demanda ses masses et délibéra : car ceci exigeait la concentration. Emporterait-elle les objets strictement indispensables, afin de revenir pour qu’on se jetât à ses pieds ? Laisserait-elle ses bijoux, pour paraître désintéressée ? La sagesse conseillait cela et la prudence indiquait ceci. Elle se décida à prendre ses diamants et oublier six robes ; les bagages seraient moins gros et les intérêts ménagés.

Elle empilait

Soudain, elle eut l’idée d’écrire à Pierre une lettre