Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/320

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— Ce soir ?

— Oui.

— Où irons-nous ?

— N’importe.

— Pas à Paris, n’est-ce pas ?

— Oh non, ne pas voir des gens !

— Aimerais-tu être au bord de la mer ?

— Oui.

— En Bretagne ?

— Où il te plaira… Je ne sais pas.

Il se trouva méchant de répondre si mal aux prévenances assidues de celui qui se travaillait à lui plaire, et, pour montrer un peu d’intérêt aux choses de sa propre vie, il demanda :

— Comment ferons-nous pour partir si vite ?

— Ne t’occupe de rien ; j’arrangerai les affaires.

Georges le laissa seul ; son autre rôle commençait.

À l’office : « — Descendez dans le salon les malles de monsieur le comte. Préparez les vôtres. » Il court à sa chambre et feuillette un indicateur : « Départ 5 h. 40, soir ; à Paris, le matin, correspondance, c’est bien… Et l’écurie que j’oubliais… » Il revient à l’office : « — Faites sortir les chevaux, qu’on en selle deux ; devant la maison, vite ; Jacques m’accompagnera. » Il s’éloigne, puis retourne sur ses pas : « — Dressez vos comptes, et que vos malles soient dehors avant quatre heures. »

— Croirait-on pas que c’est le patron, parce qu’il couche avec madame !