Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/360

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— Et quand cela serait ?

— Ah ! Pierre, voilà donc comment tu veux me punir…

Arsemar, honteux et touché, se retourna vers lui.

— Mon bon Pierre, partons, je t’en conjure.

Celui-ci balança pendant une seconde, puis, violemment, répliqua :

— Non !

En s’éloignant, il murmurait comme une excuse devant lui-même plutôt que devant l’autre :

« Je ne peux pas. »

Il se sentait injuste, mauvais, tyrannique ; et ce fait d’avoir soulagé sa colère dans la menace et les injures avait eu pour résultat de dissiper en partie sa rancune jalouse, qui laissait quelque place au remords de l’amitié ingrate.

Il voulait former un propos d’être meilleur à l’avenir, mais dès qu’ils se trouvaient ensemble, il ne parvenait qu’à rester sombre et renfermé, malgré les protestations de sa conscience. Seulement, le soir, en serrant la main de Georges, il dit :

— Pardonne-moi.

Il se sauva sans vouloir qu’on lui répondit.

— Pourquoi ai-je eu cette funeste idée de la rejoindre ? Je ne trouve même plus, maintenant, la consolation de la reprendre en rêve !

Dans un malheur qui lui semblait pire, il regrettait son malheur de la veille.

Le second jour, Georges décida de renouveler sa