Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/384

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

des passants à face d’électeur, des militaires satisfaits de l’être, des moines de toutes robes et des ecclésiastiques de toutes couleurs, la ville du dimanche au son perpétuel des cloches, et les gens, toujours les gens !

Pierre redevint bientôt plus intolérant et plus nerveux.

La jeune épouse avait passé là, mais par quel étrange phénomène ne reconnaissait-il plus, aujourd’hui l’auguste métropole des mondes antique et moderne, qui, au temps du bonheur, l’avait enthousiasmé ? Naguère, en posant le talon sur la terre deux fois sacrée, il s’était rempli d’un respect religieux, devant la double grandeur de la Rome impériale et chrétienne ; il ne ressaisissait plus rien des adorations premières.

Il voyait pour ainsi dire une autre ville : il entrait là comme dans une maison dévastée, au lendemain de l’attentat, et la haine du viol étouffait le culte des œuvres. Rome antique ? Une tombe polluée ! Sous l’effondrement des portiques, il cherchait en vain les toges aux longs plis et ne trouvait que les Marozia et les Zoé du xe siècle et des autres, sapant les murs, cassant les colonnades, fondant les marbres, charriant les briques du Palatin, déchiquetant les temples, pour bâtir des chapelles à leurs saintes patronnes et des forteresses à leurs amants, papes et barons, bandits pillards ! Les courtisanes et les voleurs de grands chemins ont gorgé la goule de leur avarice avec le