Page:Haraucourt - Amis, 1887.djvu/413

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soupçons, l’injure d’une croyance si blessante devait se réparer : la passion qui se cachait sous le prétexte de justice osa concevoir une hypothétique espérance. Il joua sa vie sur un dé.

— Si je l’ai diffamée, je répare, et je la reprends : si j’ai cru vrai…

Il ne se permettait plus de dire : « Je me tuerai. » À peine se permettait-il de le penser. L’heure de sentir, l’heure de raisonner, elles n’étaient plus : il subtilisait seulement : et presque sans douleur, sans amour. La lutte n’était plus dans son cœur, mais dans sa tête.

Il harcelait son compagnon.

— Si tu savais ce que je te sacrifie, toi qui ne veux même pas me raconter cela !

Ils débarquèrent à Naples.

Desreynes, obsédé, en vint à peser les avantages et les dangers d’un aveu : il persista dans le silence.

Tout le jour, ils se traînèrent par la ville.

— Georges, j’ai une idée : veux-tu rentrer au Merizet ?

— Ami !

— Je suis très calme : la guérison s’achèverait d’un coup. C’est le plus sage, va ! Bientôt, voici l’automne. C’est beau, l’automne, au Merizet.

— Plus tard…

— Maintenant ! J’irai seul si tu ne viens pas.

Il en causa jusqu’à la nuit ; nul argument ne put le dissuader ; il voulait partir le lendemain. Il se fit, de