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MIDI.



VERS À CIRCÉ




Doux vampire abhorré dont la caresse mord,
Ô toi, mon seul tyran et mon mauvais génie,
Qui fais toute ta joie avec mon agonie,
Qui ris pour ma douleur et qui vis pour ma mort !

Honte à moi ! Chaque jour et chaque jour plus fort,
Le dégoût vient gonfler mon cœur qui te renie,
Mais devant la splendeur de ta grâce impunie
J’agenouille ma haine et couche mon remord.
 
— Oh ! l’affranchissement de la chair, fibre à fibre,
L’espoir de t’oublier et l’orgueil d’être libre,
Le blanc retour vers les puretés de jadis !

Et ce sera fini des lascives névroses :
Joyeux, je roulerai mes souvenirs maudits
Dans un suaire bleu fleuri de larmes roses.