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LE SETUBAL

particulièrement horrible. Ce navire, tout récemment construit, réunissait les plus remarquables conditions d’étanchéité, et la cabine d’entre-pont, cette « cabine-amiral », où se conservaient la caisse et les papiers du bord, avait été l’objet d’un soin tout spécial : on peut donc supposer que Miguel et Mercédès, enfermés là après la submersion du cuirassé, y vécurent des heures et peut-être des jours.

Quant au torpilleur, on n’en a retrouvé nul vestige. La bataille de Maisi empêcha de pousser les recherches ; mais des témoignages unanimes constatent deux explosions successives, et si la première fut celle d’une torpille posée sous le Setubal, la seconde fut celle du torpilleur lui-même, que don José avait fait sauter à son tour : quelques victimes de plus ou de moins n’étaient guère à considérer, et ce forcené ne daignait point laisser à son bord des survivants accusateurs. Il voulut éviter le scandale d’un procès, les poursuites, les polémiques, les ragots, l’avanie d’un jugement, et sans doute il espéra que la destruction de notre cuirassé serait mise au compte de l’ennemi ; l’événement, d’ailleurs, lui a donné