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porte et me poussa dans un cabinet que je pris pour des latrines, tant le lieu était infect et humide.

J’étais prisonnière au poste de police. La pièce, longue de trois mètres sur deux de large, avait pour tout ameublement une planche large de cinquante centimètres, servant de lit, de table et de chaise, un baquet à ordures, puis une chaîne, sans doute pour m’attacher si je faisais la rebelle. L’eau coulait sur le bitume, l’humidité me pénétrait jusqu’aux os. Seule dans ce réduit, je pensai à mon fils âgé de dix-neuf ans et que je n’avais point quitté depuis sa naissance ; je pensai à mon mari, me demandant partout en ne me voyant pas au retour de son travail. Je pensai à ma mère, à mes frères, à mes sœurs, à mes élèves, et je sanglotai.

Deux heures après ma porte s’ouvrit et deux sergents de ville me reconduisirent au commissariat, où on avait à me faire part de nouvelles dépositions toujours anonymes.

Le commissaire que je revoyais n’avait rien de bien distingué. Il me parla les mains dans ses poches ; mais la politesse n’est sans doute pas de rigueur envers une accusée. Il me donna lecture d’une nouvelle page qui m’accusait