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tion de Versailles, rue de Paris, ou déjà nous avaient précédées nombre de co-détenues. Je l’avoue, en entrant dans cette maison de condamnées pour vol et vagabondage, une pénible émotion me saisit. Certes, la part de responsabilité incombant à nos institutions est grande dans la faute de ces malheureuses, mais il me sembla qu’en nous imposant ce nouveau contact on ne cherchait qu’à nous compromettre encore.

Sachant que Louise Michel était à la Correction, ainsi que plusieurs autres femmes, je demandai pourquoi on ne nous mettait pas ensemble comme aux Chantiers. Une jeune religieuse me répondit qu’on avait « l’ordre exprès de ne point laisser communiquer la fille Michel et la femme Hardouin. »

Louise était précisément dans un atelier qu’on pouvait apercevoir de l’endroit où nous étions par la grille du jardin qui nous séparait. Apprenant ma présence et mon désir de me rapprocher d’elle, Louise m’appela ; je courus à elle malgré la religieuse qui me suivait et pus lui donner la main à travers la grille. — Ne pleurez pas, me dit-elle affectueusement ; nous irons ensemble à la Nouvelle-Calédonie[1], où nous plante-

  1. Désir que je ne partageais point.