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pas tant souffert moralement de cette captivité que du métier de chien (sic) qu’on m’impose. Pourquoi nous mettre ainsi au service de la haine, quand nous avons droit au retour près de nos familles ? »

Ce jeune homme me parut de bonne foi : je le priai de me laisser acheter quelques provisions de bouche. Il me le permit, et dix minutes après nous arrivâmes à une maison voisine des écuries du Palais de l’Industrie, où siégeait la grande prévôté.

Quand j’y entrai, tout le convoi y était déjà.

On nous fit mettre sur deux rangs, et, debout, sous un soleil de plomb, on nous fit attendre pendant une heure, à cause de l’examen des dossiers, l’appel qui nous fit définitivement prisonniers. Des gendarmes nous gardaient de tous côtés, et pour la troisième fois on nous demanda nos noms, prénoms, âge, lieu de naissance, domicile, profession, etc. Puis, d’une voix tonnante, un capitaine rougeaud cria :

« En route pour le Palais de l’Industrie. »

Je dus reprendre place dans les rangs.

Ce palais avait été transformé en vastes écuries pendant le siége. C’était là que nous devions attendre jusqu’au lendemain.