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l’esprit et du corps, voient par degré s’éteindre en elles le seul bien qu’elles aient sur terre, la santé ; il y aura quelque part, à deux ou trois cents mètres de là, des moralistes éminents qui parleront de la vertu comme du plus précieux des biens : — leurs gendarmes délégués assisteront à pleine vue au coucher, au sommeil, au lever de ces 400 femmes ; — des législateurs qui discuteront sur le travail et l’éducation des enfants : à la même heure 150 de ces enfants s’étioleront aux miasmes d’un milieu qui n’est le leur ni par l’âge ni par le sexe ; — des philosophes qui, gravement, chercheront ailleurs la cause du mal et du bien, des économistes en proie au problème de l’équilibre entre la production, le travail et la population ; des citoyens, des époux, enfin, qui contents d’eux après la séance, en rentrant le soir, donneront un baiser à leur femme, une caresse à leur fille ; — et, au même moment, ces 400 êtres brisés, mis au rebut de l’humanité, sentiront leur haine croître en raison des tortures qu’ils auront subies.

Certes, je ne m’étais pas attendue à des traitements différents de ceux qu’on infligeait aux autres prisonnières. Je ne pensais pas non plus que une cellule particulière eût été réservée à