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chacune des détenues, les prisons improvisées n’offrant pas le confortable des maisons d’arrêt ordinaires ; mais je ne sais quelle illusion procédant des idées relatives à l’hygiène, à la morale, au respect enfin dont la femme est l’objet dans les pays civilisés me faisait croire à la possibilité d’un aménagement au moins militaire. Ce n’était point dans mon esprit exagérer la mansuétude de l’administration française que de la supposer susceptible de traiter les femmes à l’égal du soldat : bref, une division par chambrée de 15 ou 20 prisonnières, et même moins, était la limite à laquelle j’avais poussé l’optimisme.

On conçoit qu’à tous égards ce système aurait offert plus de latitude aux femmes soigneuses de leur personne, qui savent que la propreté est à l’égard du corps, ce qu’est la décence dans les mœurs. À tout le moins, il eût épargné aux détenues la présence fort gênante des gardiens peu discrets. Que fallait-il pour cela ? Quelques cloisons en planches divisant ce vaste galetas en loges pour donner asile à dix ou douze femmes. On se fût ainsi justifié devant l’histoire du fait accablant parmi tant d’autres, d’avoir ici manqué aux lois de la plus vulgaire décence. Mais le gouvernement avait bien d’au-