Page:Hardouin - La Detenue de Versailles en 1871.pdf/69

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poumons n’en étaient point seuls imprégnés ; sentiments, facultés, force morale, l’être entier dans ce milieu s’abîmait dans une gradation stupéfiante.

Les agglomérations ont ceci d’endémique : que la moindre pustule y fait promptement plaie. Étroitement cloîtrées dans leur prison, ces quatre cents femmes devaient subir, souillées dans leur chair et leur âme, l’affreux supplice de leur déchéance. Impuissantes à guérir l’ulcère qui les envahissait, il leur fallut sentir contre elles la bave des larves nées de la corruption sociale, et, le cœur plein de révolte contenue, ne rien dire !

Pourtant une sélection préalable était facile à l’autorité. Détentrice des dossiers, elle connaissait les antécédents ; mais il lui parut plus habile de tout confondre. Elle se disait que l’opinion, simpliste par nature, et qui, volontiers, condamne en bloc, ne manquerait point d’appliquer la même épithète outrageante à l’universalité des détenues…

Indifférence ou jésuitisme, ce procédé d’assimilation et de fusion a tout l’odieux d’un outrage aux mœurs. L’histoire en devra tenir compte aux pouvoirs de ce temps-là.