Page:Harlez - Avesta, livre sacré du Zoroastrisme.djvu/18

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
x
introduction

les événements : Baga vazraka Auramazdâ, hya imâm bumim adâ, hya avam açmânam adâ, hya martiyam adâ… hya Dârayavum Khsâyathiyam akunaus aivam paruvnâm Khsâyathiyam… Auramazdâ maiy upaçtâm abara ; vaçnâ Auramazdâha Kâra hya manâ avam Kâram tyam hamitriyam aja… Aita tya kartam ava viçam vasnâ Auramazdâha akunavam… — « Un Dieu puissant (ou porte-foudre) est Auramazdâ, il a créé la terre, il a créé le ciel, il a créé l’homme… Il a fait Darius roi, seul maitre de beaucoup… Auramazdâ m’a porté secours, par la volonte d’Auramazdâ mon armée a battu l’armée insurgée… Tout ce que j’ai fait, je l’ai fait par la volonté d’Auramazdâ. » (Voy. Incript. N. R. a ; N. R. b. init. etc. ; N. R. a. 5, 6 ; Behistân II. 25 ; N. R. a. 48-50.)
Darius reconnaît en outre des êtres divins, des Bagas très inférieurs à Auramazdâ, sans participation au pouvoir créateur, mais capables cependant de protéger les empires et de contribuer à leur prospérité.
Auramazdâ mâm pâtuv hadâ bagaibis vithibis… Auramazdâ mathista bagânâm — « Auramazdâ me protège ainsi que les Bagas des Viths… Auramazdâ le plus grand des Bagas. » On reconnait ici le dieu de l’Avesta, Ahura-Mazda le créateur, entouré de son cortège d’esprits inférieurs à lui. Mais on remarquera déjà des différences. Le monothéisme persan est plus pur ; les génies inférieurs sont ces Bagas dont nous parlent le Fargard XXI et le Yesht de Mithra. Peut-être même ne sont-ce que les dieux des nations ; c’est du moins le sens que l’inscription médique donne aux bagaibis vithibis. Des Amesha-Çpentas, pas la moindre mention. La Perse, du reste, semble ne les avoir connus que très tard, car si elle a un terme propre à sa langue pour designer les Fravashis (farvart) et Asha (art), elle n’a pour les Amesha-Çpentas que le nom bactrien Ameshaspend.
Ce qui est bien plus frappant encore, c’est qu’on ne trouve pas, dans les textes cunéiformes, la moindre trace du dualisme mazdéen, la moindre allusion au mauvais esprit, à Anro-Mainyus.
On a dit que ce silence ne prouvait rien ; qu’il s’expliquait tout naturellement par cette circonstance que les rois Achéménides n’avaient point eu dans leurs monuments l’occasion de parler du principe du mal. Il nous semble, au contraire, qu’ils avaient tout lieu de le mentionner, s’ils l’eussent reconnu.
Les grandes inscriptions de Darius sont presqu’entièrement occupées par le récit des entreprises d’ambitieux qui se révoltaient centre le pouvoir divinement institué {vasnâ Auramazdâha) et cherchaient à tromper les peuples. Dans l’inscription H (ligne 17), le grand roi supplie Auramazdâ de préserver son empire des invasions et de la stérilité. Ailleurs encore {Beh. IV. 36-38), il exhorte ses successeurs à éviter le mensonge, à punir sévèrement les trompeurs ; il presse tous ses sujets d’observer les lois de la justice. En semblable occasion, un Zoroastrien n’eût certainement pas manqué de faire remonter au mauvais esprit la responsabilité de ces maux, et, aux derniers cas surtout, de malmener la Druje et ses satellites. Darius au contraire, ne fait aucune allusion aux génies du mal et n’attribue les rebellions incessantes qu’à la fourberie des usurpateurs (Voy. Beh, IV. 34). Le silence des rois persans a donc une haute signification. C’est pourquoi les partisans de l’opinion affirmative ont cherché des indices positifs dans les cunéiformes même et ont cru les trouver dans les termes