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introduction

L'Avesta fait en outre de Zoroastre, le chef de la création, le créateur non seulement de la religion, mais de la constitution nationale du peuple mazdéen. C'est lui qui a établi les trois ordres des prêtres, des guerriers et des pasteurs ; ses trois fils en ont été les fondateurs. Le livre sacré attribue naturellement à son prophète toutes les qualités, toutes les vertus au degré suprême ; il est le plus sage, le plus saint, le plus fort, le plus puissant des hommes.
Les parties les plus anciennes de l'Avesta nous disent que Zoroastre parut sous le roi Vistâçpa, que celui-ci, comme sa vertueuse épouse Hutaoça, embrassa la religion mazdéenne, et que les premiers disciples du réformateur furent son oncle Maidhyomâonha d'abord, puis Jâmâçpa, beau-père du prophète et le sage ministre de Vistâçpa et son frère Frashaostra, gendre de Zoroastre ; l'un et l’autre de la race des Hvogvas. Des chapitres moins anciens parlent des guerres que Vistâçpa et l'Éran mazdéen eurent à soutenir contre les peuples voisins dévicoles. Le Yesht XIII dit « que Vistâçpa enleva la loi aux Hunus et I’établit sur un trône (§ 100), qu’il la propagea par les armes, » probablement après une guerre défensive (§ 99. Cp. Yt. XIX. 86).
Tout cela peut être du domaine de la légende. On se demande si l'Avesta ne contient aucun trait que l'on puisse considérer comme historique et qui jette quelque jour sur les fastes de la religion mazdéenne. Dans certain système, on répondra certainement d’une manière absolument négative puisque tout doit appartenir au mythe. Mais pour le lecteur non prévenu, il n'est guère possible, ce nous semble, de méconnaitre la réalité de trois faits : la nouveauté des doctrines annoncées, les luttes religieuses qu'elles occasionnent, la lutte civilisatrice du pasteur-cultivateur contre le nomade. Le premier point sera traité ultérieurement. Relativement au second on peut citer ces hymnes, espèces d’élégies dans lesquels le poète sacerdotal se plaint des persécutions dont il est l'objet, ainsi que les ministres de la loi, où il exhorte à résister aux ennemis de la foi « Que nul d’entre vous, dit il au Hâ XXXI. 18, n'écoute les enseignements du méchant, car il livrerait sa maison... son pays au malheur, à la destruction. Mais exterminez le méchant par le glaive » Et ailleurs : «  Le corrupteur[1] a donné la puissance à l'esprit pervers, à celui qui se plaît à tourmenter le ministre de ta loi. — Tu es le maitre, ô Ahura de ceux dont l'incrédulité me persécute ; livre donc les méchants au châtiment. » Voy . Y. XXXII. 13, 16.
« Ils nous terrifient par leurs actes qui sont la perte de beaucoup, comme le fort (terrifie) le misérable, les persécuteurs de ta loi. » Y. XXXIV. 8.
« Vers quelle contrée irai-je, dit le poète au Hâ XLV, avec mes sectateurs. Nul ne m’honore, des tyrans qui dominent les contrées ; Moi je suis faible et sans ressource au milieu d'hommes faibles (mes sectateurs). Jette les yeux Ahura ! sur moi, qui élève mes plaintes vers toi. Quand viendront pour soutenir la sainteté, les esprits des propagateurs de la loi. — Quel protecteur me donnes-tu, Ahura ! car le méchant veut me retenir pour me torturer ? De celui qui fait servir les êtres terrestres à me nuire que le corps soit frappé par une haine qui éloigne toute félicité, mais aucun malheur, par la haine de Mazda ! » Parfois, les auteurs des Gâthas nous parlent des méchants qui traitent ses enseignements de
  1. Gréhmo