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nora l’énigmatique

environnante, cherchant à se rendre le moins visibles possible. Descendus de voiture, les fantassins s’égaillèrent également, sous la direction des sous-officiers. En quelques minutes, tous avaient si bien réussi à se fondre dans le paysage qu’on n’aurait pu deviner qu’il y avait là des troupes, assez nombreuses attendu que le détachement venu de Gerardino s’était joint à d’autres.

Preuve de la tactique si particulière à cette guerre, et fruit de la leçon de 1940. Combien différente de celle des guerres précédentes et même du conflit de 1914-1918 ! Les armes actuelles, — l’avion, le char de combat, sans compter les mitrailleuses perfectionnées, — peuvent rapidement causer tant de dégâts parmi un fort groupe d’hommes, que les armées ont abandonné les évolutions en masse afin de recourir à la dispersion. La guerre actuelle, la plus mobile qui soit, — par contraste avec la précédente qui a été la plus immobilisée, — a fait renaître, en dépit des nouveautés mécaniques, des moyens de combat vieux comme le monde, des ruses, des procédés de dissimulation et d’approche empruntés aux anciennes peuplades sauvages. Le soldat doit éviter de se montrer, car l’ennemi, d’un côté comme de l’autre, possède des possibilités d’observation fantastiques et des ressources illimitées pour donner suite à son observation.

Dès la descente des véhicules, nos Canadiens s’étaient donc dispersés, certains se dirigeant avec rapidité vers des bosquets, des rochers ou autres accidents de terrain ; d’autres se mettant à creuser des tranchées-fissures ou des trous de tirailleurs (que les Américains appellent trous de renards, fox-holes), à l’entrée si restreinte et si bien dissimulée que, même d’un avion, on n’aurait pu les apercevoir. Ils mettaient leurs mitrailleuses en position, recevaient des grenades, en somme se préparaient au combat.