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nora l’énigmatique

Population enthousiaste : les vainqueurs assistent aux mêmes scènes de bienvenue qu’à Gerardino et autres lieux. Les « Evviva » éclatent partout, parmi les mouchoirs agités et l’excitation générale.

Dans l’auto de l’officier de renseignements, malgré les sourires figés sur les lèvres et les saluts mécaniques de la main, on scrute avec soin chaque figure et aussi chaque fenêtre de maison.

Tout à coup, Édouard a un sursaut. Justement, à l’une de ces fenêtres, un rideau s’est écarté, une femme a jeté un long regard dans la rue, puis, apercevant les occupants de la voiture, s’est brusquement retirée.

La scène s’est passée si vite qu’Édouard n’est pas absolument sûr du témoignage de ses yeux. Mais il a eu comme une hallucination : la femme à la fenêtre ressemblait étrangement à Nora…

Nora à Morona ? Comment, depuis sa disparition de Gerardino, aurait-elle pu traverser le champ de bataille pour parvenir à l’arrière des lignes allemandes ? Impossible ! Absurde ! Il a été trompé par ses sens.

Il a tout de suite jeté un coup d’œil sur l’officier de renseignements. A-t-il vu, lui aussi ? En tout cas, la figure maintenant durcie, il se retourne pour apercevoir encore la maison en cause. Les deux hommes n’échangent pas un mot.

On arrive à la mairie, où les notables, maire et curé en tête, attendent l’avant-garde des troupes victorieuses.

Quand il voit, descendant de voiture, le capitaine Benoît qu’il reconnaît tout de suite comme le chef, le maire se précipite vers lui et un flot de paroles italiennes s’échappent de ses lèvres :