Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/143

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velle quantité de sang (ce sang arrive nécessairement par les veines), une véritable circulation, puisque les aliments n’y pourraient suffire, et que la nutrition des tissus est loin d’en exiger autant.

Remarquons de plus qu’en faisant une saignée, on peut avoir la confirmation de cette vérité. En vain vous aurez bien fait la compression et ouvert la veine avec le scalpel ainsi qu’il convient ; en vain l’opération aura été parfaitement faite, si la crainte, ou toute autre cause, ou une émotion, ou la lipothymie arrivent au malade ; si, en un mot, le cœur bat avec moins de force, le sang ne sortira plus que goutte à goutte, surtout si la ligature a été un peu serrée. C’est que le cœur, donnant au sang une impulsion plus faible et plus languissante, n’est pas assez fort pour lui faire franchir la bande à ligature ; et le cœur affaibli et languissant ne peut faire passer en suffisante quantité le sang dans les poumons, des veines dans les artères. C’est de la même manière et pour la même cause que s’arrêtent les menstrues des femmes et toutes les hémorrhagies. Le contraire est tout aussi démonstratif. Quand le courage revient, quand la crainte disparaît, quand le malade reprend ses sens, la force pulsative du cœur s’accroît, et aussitôt les artères recommencent à battre. Même au-dessous de la ligature on sent le pouls au carpe, et par la veine ouverte le sang jaillit au loin d’un jet continu.