Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/15

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étant souvent en désaccord entre elles, forment néanmoins un ensemble assez complet.

Une des parties fondamentales de la théorie galénique est que les artères ne sont pas remplies d’air, comme le supposait Érasistrate, mais pleines de sang. Galien ne cesse de revenir sur ce point, et il a écrit un traité intitulé ainsi. — Le sang est-il naturellement contenu dans les artères ? Εἰ κατὰ φύσιν ἐν ἀρτηρίαις αἷμα περιέχεται.

Si, dit-il, on ouvre le ventre et le péritoine, on verra très distinctement les artères du mésentère remplies de lait chez les jeunes chevreaux, mais sur les animaux adultes elles ont un tout autre aspect. Cependant jamais nous n’y verrons de pneuma, et sur une artère quelconque il en sera de même[1]. Mettons à découvert une artère, par exemple l’artère du bras ou celle de la cuisse, et demandons aux partisans d’Érasistrate si cette artère contient le pneuma. Il est clair qu’ils ne peuvent répondre ; car, si nous lions cette artère en haut et en bas et si nous l’incisons entre ces deux ligatures, nous la trouverons toujours pleine de sang[2]. Érasistrate est un impudent d’oser affirmer des choses que jamais personne n’a pu voir[3]. Si avec une aiguille, ou un stylet, ou un scalpel, on fait une blessure à une artère, le sang s’en échappe immédiate-

  1. Édition de Kühn, t. IV, p. 718.
  2. Ibid., p. 724.
  3. Ibid., p. 736.