Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/172

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cœur : il est placé au centre : les colonnes charnues sculptées dans ses cavités sont plus élevées, et il est disposé avec plus de perfection que les autres parties. Il semble donc que le cœur ait été fait pour le ventricule gauche. Le ventricule droit est pour ainsi dire le serviteur du ventricule gauche, il n’arrive pas jusqu’à la pointe du cœur : il a une épaisseur trois fois moindre et il est séparé du ventricule gauche par une sorte d’articulation, comme l’avait vu Aristote. Mais il a une capacité plus grande, car il doit non seulement contenir le sang qui passera par le ventricule gauche, mais encore nourrir les poumons.

Notons qu’il en est autrement chez l’embryon et qu’il n’y a pas une telle différence entre les ventricules ; ils sont, comme deux noyaux dans une amande, presque égaux, et le cône ou ventricule droit atteint le sommet du ventricule gauche. Le cœur paraît être là comme un cône à double pointe. D’ailleurs, chez les embryons, comme nous l’avons déjà dit, le sang ne va pas traverser les poumons, mais passe du ventricule droit au ventricule gauche. Tous deux communiquent par le trou ovale et le canal artériel, ainsi que nous l’avons dit ; ils ont tous deux pour fonction de ramener le sang de la veine cave dans la grande artère et de le lancer dans tout le corps ; de là leur disposition identique. Mais que le moment vienne où le poumon doit fonctionner et où les susdites communications doivent se fermer, alors la différence entre la force et les propriétés des deux ventricules commence à s’établir, car le ventricule droit ne lance le sang que dans les poumons, tandis