Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/182

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Comme la nature, dans sa perfection, ne fait rien en vain et suffit à tout, plus les artères sont proches du cœur, plus elles diffèrent de la constitution des veines, et plus elles sont fortes et fibreuses ; mais dans leurs dernières ramifications, comme à la main, au pied, au cerveau, au mésentère, aux testicules, elles ont une structure tellement semblable qu’on peut difficilement les distinguer l’une de l’autre par le simple examen de leurs parois. Ces faits sont bien explicables, car plus les artères sont éloignées du cœur, moins elles sont ébranlées par le choc qui se disperse dans une grande étendue. Ajoutons que l’impulsion du cœur, qui avait dû suffire au sang dans tous les troncs artériels et dans leurs raineaux, diminue en se disséminant dans toutes les petites ramifications des artères.

Cela est si vrai que les dernières ramifications capillaires des artères paraissent des veines, non seulement par leur structure, mais par leurs usages ; en effet, elles n’ont pas de pouls sensible, et, si elles en ont, c’est que le cœur bat avec violence, ou qu’il y a en un point une petite artériole plus dilatée et plus ouverte : c’est ce qui fait que dans les dents, dans les tumeurs, dans les doigts, tantôt nous pouvons sentir le pouls, tantôt nous ne le pouvons pas. Aussi ai-je remarqué que chez les enfants dont les pulsations sont fréquentes et accélérées, c’est le seul signe certain de fièvre. Il en est ainsi pour les individus faibles et délicats. En comprimant les doigts, alors que la fièvre était dans toute son intensité, je pouvais facilement sentir le pouls.