Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/215

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tion le sang jaillit. Comme nous l’avons vu, en coupant une artère ou en perforant le cœur, ceux qui examinent avec soin verront que le sang est lancé dans l’artère par chacune des contractions du cœur, et dilate l’artère.

Laissez le sang s’écouler sans interruption, soit par le conduit que nous avons mis dans l’artère, soit par l’orifice de l’artère ouverte, vous retrouverez dans ce jet de sang aussi bien par la vue que par le toucher, si vous y mettez la main, tous les battements du cœur, leur rythme, leur force, leurs intermittences, absolument comme si on mettait la main au-devant d’un tuyau lançant de l’eau. De même qu’on distinguerait les différences de la force avec laquelle l’eau est lancée, de même on peut sentir les degrés de force du sang qui jaillit. Quelquefois il a une telle puissance, ainsi que je l’ai vu en ouvrant une fois l’artère jugulaire, qu’en le recevant sur la main, il a été rejeté et repoussé en arrière à une distance de quatre à cinq pieds.

Pour rendre plus clair ce qui peut paraître encore douteux, à savoir que la force d’impulsion du sang vient du cœur et non des tuniques artérielles, j’ai vu, sur le cadavre d’un homme de haute naissance, une portion de l’aorte descendante, avec les deux artères crurales, convertie en un os creux ayant une palme de longueur. Pendant la vie, le sang artériel descendait par ce canal jusqu’aux pieds, et on sentait battre les artères inférieures. Cependant l’artère était absolument comme si elle avait été au-dessus d’une tige creuse, selon l’expression de Galien, et elle ne pouvait ni se dilater, ni se rétrécir comme un soufflet, ni transmettre du cœur la force pulsatile aux artères placées au-dessous, la rigidité osseuse leur ayant enlevé cette puissance pulsatile. Néanmoins je me souviens parfaitement que j’ai observé