Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/229

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ments, ou parce qu’ils trouvent inexactes les causes indiquées par les maîtres, ou parce qu’ils jugent criminel d’abandonner les opinions reçues et considèrent comme un sacrilège de douter d’une doctrine admise depuis tant de siècles, et de mettre en doute l’autorité des anciens.

Eh bien, je leur réponds à tous que les œuvres de la nature se montrent en toute évidence, et que ni les opinions, ni l’antiquité ne peuvent les entraver ; car il n’y a rien de plus antique que la nature, et personne ne peut avoir plus d’autorité qu’elle.

À cela ils opposent des problèmes tirés d’observations médicales qui, selon eux, ne peuvent se résoudre et qui leur paraissent être contraires à la circulation du sang et démontrer sa fausseté. Avec la circulation, disent-ils, la phlébotomie ne peut faire une révulsion, puisque le sang revient en aussi grande abondance dans la partie malade. Dans le cœur, le viscère le plus important et l’organe principal, le passage des humeurs corrompues et excrémentitielles n’est-il pas à craindre ? Dans la diarrhée et dans les coliques, ne voit-on pas sortir un sang détestable et corrompu dans le même corps à des parties différentes, et au même endroit et au même moment ? Si le sang était animé d’un mouvement continuel, tout devrait se confondre et se mêler, en passant par le cœur. Voici ce que disent, avec bien d’autres choses encore, les médecins qui nient la circulation : car on semble avoir de la répugnance à l’admettre, et on ne trouve pas que ce soit suffisant, comme en astronomie, de créer de nouveaux systèmes. Il faut encore que ces systèmes puissent donner la raison de tous les phénomènes.

Je ne veux ici répondre qu’une chose. C’est que la circulation n’est pas identique partout et toujours. Mais il y a bien des conditions qui déterminent la rapidité ou