Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/230

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la lenteur du cours du sang ; ce sont la force ou la faiblesse de l’impulsion du cœur, l’abondance du sang, ses propriétés, sa nature, sa densité, les obstacles qui l’arrêtent, etc. Le sang, lorsqu’il est épais, passe difficilement par des ouvertures étroites, et il est mieux filtré en passant dans le tissu du foie que dans celui des poumons.

Le cours du sang n’est pas le même quand il passe dans les chairs et les parenchymes à texture lâche, ou dans les parties nerveuses, à consistance épaisse. La partie la plus ténue, la plus pure, la plus éthérée, passe rapidement : au contraire, ce qui est épais, terrestre et cacochymique, reste plus longtemps et est rejeté. La partie nutritive qui résulte de la transformation dernière des aliments est comme la rosée ou la sève des plantes, et pénètre partout, puisqu’il faut admettre qu’elle nourrit les cornes, les plumes, les ongles, les poils, et qu’elle alimente toutes les parties proportionnellement à leurs dimensions. C’est pourquoi en certaines parties les excrétions se forment et se séparent du sang. Pour moi, je ne vois pas la nécessité que les excréments ou les humeurs corrompues, ou les sécrétions comme le lait, la pituite, le sperme, le chyle ou la lymphe, soient entraînées avec le sang ; mais il faut que ce qui les nourrit soit incorporé au sang pour former une masse homogène. Il faut déterminer et démontrer ces faits et beaucoup d’autres, en leurs lieux et places, c’est-à-dire dans des traités de physiologie ou des autres sciences médicales, et il ne convient pas de discuter les conséquences, les inconvénients ou les avantages de la circulation du sang, avant que la circulation ne soit démontrée et admise comme véritable.

Ne suivons pas l’exemple de l’astronomie où les apparences et les raisons d’être font connaître les causes,