Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/236

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tements forts et violents, et avaient l’apparence de deux anévrysmes allongés. Aussi avions-nous tenté l’artériotomie aux tempes, mais sans apporter aucun soulagement. Sur le cadavre, j’ai trouvé le cœur et l’aorte tellement distendus et remplis de sang que la masse du cœur et les cavités ventriculaires étaient aussi considérables que le cœur et les ventricules d’un bœuf. Voilà ce que peuvent faire la puissance et la force du sang retenu et arrêté dans son mouvement.

Donc, quoique d’après l’expérience précédente il puisse y avoir dans un boyau pulsation sans issue du liquide, uniquement par le choc imprimé à ce liquide, cela ne peut avoir lieu pour le sang, dans les vaisseaux des êtres vivants, sans les plus grands inconvénients et les plus grands dangers.

Il est clair cependant que le sang ne circule pas partout avec la même vitesse, la même rapidité et la même force, dans tous les vaisseaux et à tous les moments ; mais il y a de grandes différences selon l’âge, le sexe, la température, la constitution et beaucoup de circonstances ou de causes internes ou externes, naturelles ou surnaturelles.

En effet le sang ne passe pas dans des vaisseaux fermés, obstrués ou bouchés par des obstacles avec la même rapidité que dans des vaisseaux béants et ouverts largement : il ne traverse pas les substances denses, resserrées et épaisses, comme des parties lâches, ténues et transparentes : son cours n’est pas aussi rapide, quand il a reçu une impulsion faible et molle, que lorsqu’il est lancé avec force et qu’il jaillit en abondance.

De même le sang épaissi, alourdi, grossier, ne pénètre pas les parties aussi bien que lorsqu’il est séreux, subtil, fluide.