Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/239

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rieux l’expérience que j’ai faite ; bien plus, personne n’a essayé de soutenir une thèse contraire à la mienne par des dissections.

Cependant un grand nombre d’auteurs que leur inexpérience et leur profonde ignorance en anatomie empêchaient de trouver un seul fait positif pour soutenir les objections qu’ils alléguaient, s’appuyant sur l’autorité des règles et sur les assertions reçues, se sont livrés à des fictions vaines, à des suppositions invraisemblables et à des arguments captieux et vides, y mêlant des paroles indignes et grossières, des injures et des insultes. Ils n’ont réussi à montrer que leur vanité, leur ineptie, leur insolence et la pauvreté de leurs raisonnements, raisonnements qui auraient dû s’appuyer sur des faits, en sorte que leur argumentation sophistique est en lutte avec la raison même. Ainsi que les flots de la mer de Sicile, excités par les vents, se brisent en écumant contre les rochers de Charybde et sont repoussés par le roc, de même ces hommes argumentent vainement contre le bon sens.

Si nous ne devions rien admettre par nos sens, sans le témoignage de la raison, s’il ne fallait jamais contre dire les anciennes démonstrations, il n’y aurait plus de problèmes à résoudre. Si nos sens ne nous donnaient pas des connaissances certaines, confirmées par le raisonnement (comme il en est des constructions géométriques), certes, il ne faudrait plus admettre aucune science : car la géométrie est une démonstration logique à l’aide d’objets sensibles s’appliquant à des objets sensibles. C’est ainsi que des vérités ardues, et dont nous n’aurions pas d’idée, deviennent évidentes grâce à des vérités sensibles plus apparentes et plus faciles à voir. C’est ce qu’Aristote nous dit avec raison (De Generat. ani-