Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/244

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dans les pores des tissus et dans les ramuscules veineux : chez tous par conséquent il y a circulation.

Ni les petites artères, ni les veines n’ont de pulsations. Il n’y a que les grandes artères et celles qui sont près du cœur, parce qu’elles ne peuvent pas rejeter tout d’un coup tout le sang qui y est lancé. Si on ouvre une artère et si on laisse librement jaillir le sang au dehors, on peut voir qu’elle n’a presque plus de pouls, le sang s’écoulant facilement et ne distendant pas les parois du vaisseau. Chez les poissons, les serpents et les animaux à sang froid, le cœur bat lentement et faiblement. À peine peut-on sentir le pouls dans les artères, car le sang y coule avec une extrême lenteur. Aussi chez eux, comme dans les petits rameaux artériels chez l’homme, les parois de l’artère ne sont pas distendues par le sang, ni repoussées par l’impulsion du sang.

Quand une artère est coupée et ouverte, le sang, ainsi que je l’ai dit, ne la fait pas battre et de lui donne pas de pouls ; d’où on voit clairement que les artères n’ont pas de faculté contractile soit propre à elles, soit transmise par le cœur, mais que, si elles ont une diastole, c’est uniquement à cause de l’impulsion du sang. En effet, quand elles se remplissent, la secousse se transmet au loin et on peut sentir avec le doigt une sorte de systole et de diastole, ainsi que je l’ai dit. On reconnaît par là fidèlement toutes les différences de pulsation du cœur, leur rythme, leur ordre, leur force ou leur intermittence, comme un homme reconnaît son image dans un miroir. Si avec un piston, on lance de l’eau en l’air par des tuyaux de plomb, on peut reconnaître par le jet de liquide qui diffère quelquefois de plusieurs stades, à la fois le degré de la compression, le rythme, le commencement, la fin, la force de chaque coup de