Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/249

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à l’oreillette gauche, puis au ventricule gauche, puis à l’aorte et dans toutes les artères, par l’impulsion du cœur, puis dans les pores des tissus, de là dans les veines, et par les veines à la base du cœur.

Une seule expérience faite sur les veines pourra le démontrer. Comprimez modérément le bras par une bande et remuez-le ainsi, jusqu’à ce que les veines soient très gonflées, et que toute la peau qui est au-dessous de la compression soit très rouge. Plongez alors la main dans de l’eau très froide ou de la neige, jusqu’à ce que le sang amassé au-dessous de la compression soit très refroidi, puis déliez la bande tout d’un coup : vous sentirez alors passer comme un courant de sang froid, et vous comprendrez avec quelle rapidité il revient vers le cœur et quels désordres il peut y amener : il n’est donc pas étonnant que l’enlèvement brusque de la bande de compression produise après la saignée des lipothymies. Cette expérience montre aussi que, si les veines se gonflent au-dessous de la ligature, ce n’est pas par un sang subtilisé ou un dégagement d’esprits et de vapeurs (en plongeant le bras dans l’eau froide on eût arrêté cette effervescence). En réalité il n’y a que du sang, et ce sang ne peut revenir dans les artères par des anastomoses ou des détours cachés. Cette expérience nous apprend encore comment les voyageurs dans les hautes montagnes couvertes de neige peuvent être frappés de mort subite, et elle explique beaucoup d’autres faits de même genre.

Pour qu’on admette que le sang peut passer par toutes les porosités des tissus et se rendre dans toutes les parties, je n’ajouterai qu’une seule expérience. La corde fait, au cou des hommes étranglés ou pendus, ce que la compression fait au bras. La face, les yeux, les lèvres, la langue, toutes les parties superficielles de la tête sont