Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/256

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2o Les artères contiennent de l’air, des esprits, des vapeurs épaisses (fuliginositates), en même temps que du sang.

Il semble que les expériences de Galien aient dû faire rejeter ces opinions : en réalité, il n’en est rien, et les adversaires de Harvey répètent sans cesse que le sang contenu dans les artères y est contenu avec des esprits. Cependant ils ne savent guère s’entendre eux-mêmes. En réalité, ils pensent que le sang dans les artères, et aussi dans le ventricule gauche, est soumis à une sorte d’ébullition, comme le lait qui bout et mousse. Cette mousse, ce sont les esprits. Harvey leur a répondu par une expérience précise (voyez p. 210). Le sang artériel recueilli dans un vase n’occupe pas un plus grand ou un moindre volume que le sang veineux.

Quant à la voie par laquelle ces esprits pénètrent dans les artères, c’est une voie tout à fait mystérieuse. Tantôt en effet, c’est par les pores de la peau et des tissus, tantôt c’est par le cœur. Mais il ne faut pas supposer que ces esprits soient identiques à l’air contenu dans le cœur. L’air a seulement pour effet de refroidir le sang. Le cœur, par sa force et sa chaleur propres innées, produit les esprits, et ces esprits sont lancés dans l’aorte avec le sang.

Aujourd’hui toute cette physiologie, cette fantasmagorie des esprits paraît bien ridicule. Mais au temps de Harvey, elle était presque un dogme. Il y avait des esprits animaux, des esprits vitaux, etc. Comme c’était une pure conception, il est souvent difficile de comprendre ce qu’il faut entendre par esprits. De là l’obscurité de bien des passages que j’ai cherché à traduire le plus exactement possible.

On pensait ainsi, malgré Galien, que les artères contiennent de l’air. Harvey oppose à cette erreur une expérience bien simple. Lorsqu’une artère est ouverte, on ne voit jaillir que du sang, tandis que, lorsque la trachée est sectionnée, l’air entre et sort par la plaie. Par conséquent, on peut dire que les poumons contiennent de l’air, et que les artères contiennent du sang.

Cette logique rigoureuse, cette observation exacte, ont