Page:Harvey - La Circulation du sang, trad. Richet, 1879.djvu/276

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comparer la vitesse du sang dans l’aorte, dans l’artère pulmonaire : quoique la différence de pression dans ces deux vaisseaux soit très grande, ils pensent que dans ces deux troncs artériels la vitesse du sang est la même, parce que la quantité de sang qui y passe en un moment donné est la même, et que leur calibre est identique.

Une autre méthode assez ingénieuse, pour mesurer la vitesse du sang, est due à Hering. En injectant par la veine jugulaire d’un côté un sel neutre quelconque, par exemple du ferrocyanure du potassium, facilement reconnaissable, on ouvre la veine jugulaire de l’autre côté, et en recueillant à divers moments le sang de cette veine on apprécie le temps qu’il a fallu au ferrocyanure pour accomplir une circulation totale d’une veine jugulaire à une autre. Ce temps a été, d’après Hering, de 27 secondes chez le cheval ; d’après Vierordt, de 15 secondes chez le chien, de 13 secondes chez la chèvre, de 7 secondes chez le lapin. Ces chiffres ne sont que des moyennes, et les chiffres extrêmes des expériences sont très différents.

Ainsi le circuit total d’une molécule de sang est extrêmement rapide ; bien plus rapide même que le pensait Harvey, puisque, chez l’homme, d’après les chiffres cités plus haut, la durée d’un de ces circuits doit varier entre quinze et trente secondes. On arrive ainsi à un chiffre colossal représentant l’effort et le travail du cœur, puisqu’il lance ainsi toute la masse de sang dans tout le corps, environ trois fois par minute. Comme cette masse de sang est considérable (environ kil. chez l’homme), on voit la somme énorme de travail que le cœur produit.

D’ailleurs le travail du cœur est une fonction très complexe dont nous ne pouvons étudier ici les conditions[1].

B. De la pression du sang dans les artères. — Cette question est tellement vaste que je ne peux la traiter ici que d’une

  1. Voy. sur ce sujet Pelet, Travail musculaire du cœur. Th. in., Paris, 1877. — Fr. Franck. Des changements de volume du cœur. Comptes rendus du laborat. de M. Marey, VIIIe Mém., 1877, 3e année,